Ils étaient des milliers, ces enfants du Condroz qui ont profité d’un week-end de trois jours. Pendant ce temps-là, dans le hall omnisports de Villers-le-Temple, directeurs, instituteurs et surveillants des écoles communales concernées sont pendus aux lèvres de l’orateur du jour, Bruno Humbeek, qui joue d’humour et de comparaisons on ne peut plus parlantes pour convaincre l’assemblée des bienfaits de son projet.

L’idée? Établir des règles strictes pour réguler les jeux dans la cour de récréation afin de prévenir la violence et le harcèlement entre les enfants. C’est dans un souci de prévention – plus qu’à cause de véritables problèmes de ce type – que dix écoles communales du Condroz (Nandrin, Hamoir, Warzée, Fraiture, Clavier, Marchin, Modave, deux implantations à Ferrières et Comblain-au-Pont) se sont rassemblées vendredi dernier pour une journée de formation sur le thème. Qui d’autres contacter sinon le spécialiste du genre, psychopédagogue, auteur d’une dizaine d’ouvrages et d’un projet sur le harcèlement en milieu scolaire dans 25 écoles du Brabant wallon, Bruno Humbeeck?

Dans la salle, tout le monde semble ravi. Car même si chacun se sent relativement protégé de ce genre de problème, tous sont également conscients qu’un tel phénomène existe et qu’il faut agir en conséquence. «On se rend compte que chacun d’entre nous gère ce type de situation en fonction de son vécu » explique Frédéric Brogiato, le directeur de l’école communale de Warzée. Comprendre le phénomène, uniformiser leur pratique et établir des règles cohérentes et précises, voilà ce que leur a offert cette conférence d’une journée.

Le conférencier, très charismatique, explicite, concrétise et fait rire l’assemblée, à tel point que l’attention est d’or, les esprits, conquis, «ce qui est relativement rare lors des journées pédagogiques» souffle un des participants, narquois.

Vers des espaces de parole régulés

Pour s’adresser à ces centaines d’instituteurs, directeurs et surveillants – mais avant tout parents – l’homme n’hésite pas à jouer de comparaisons singulières. «Beaucoup d’entre vous aiment-ils Dr House? Cet homme, prototype du mâle séducteur, qui est pourtant un harceleur dominant par excellence, un véritable salaud qui casse ses collègues et n’en ressort qu’encore plus attirant? Eh bien, des petits Dr House sur pattes, vous en avez déjà à 6 ans dans vos classes!» affirme le spécialiste à l’assemblée hilare.

Dans le public, à la pause, on est ébahi. Car c’est vrai, ils en connaissent dans leur classe, des petits Dr House qui s’expriment assez bien que pour ridiculiser leurs condisciples!

La solution que propose Bruno Humbeeck leur semble aussi la plus judicieuse: il faut désormais créer des règles simples dans la cour, et organiser des espaces de parole régulés pour canaliser les dominants et protéger les dominés. C’est ce que les dix écoles vont désormais mettre en place dans leur établissement…